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intérieure, au-dessus de la porte principale du Campo-Santo, il peignit à fresque une Assomption, au milieu d’un chœur d’anges qui célèbrent par leurs chants d’allégresse le triomphe de la mère de Dieu. Sous cette Assomption, il représenta l’Histoire de la vie de saint Ranieri de Pise en trois tableaux, dont chacun renferme divers épisodes. Ainsi dans le premier, saint Ranieri fait danser au son du psaltérion de belles jeunes filles coquettement parées ; et, à côté, la tête basse et les yeux pleins de larmes, il écoute les sévères remontrances du saint ermite Albert, pendant que Dieu, environné d’une lumière céleste, semble lui envoyer son pardon. Dans le second tableau, Ranieri, avant de s’embarquer, distribue son bien à de pauvres estropiés, à des femmes et à des enfants qui lui tendent les mains et les remercient. Puis il reçoit dans le temple le manteau de pèlerin, et se tient devant la Vierge qui lui apprend qu’il reposera dans son giron à Pise. Dans le troisième tableau, Ranieri, de retour de la terre Sainte, assiste à l’office divin et repousse, à l’aide de la Constance, les tentations du démon qui, tremblant couvert de confusion et de honte, le visage caché dans ses mains et les épaules serrées, s’enfuit en criant, comme on le lit sur le rouleau qui sort de sa bouche : « Aïe, je n’en puis plus ! » Enfin on voit Ranieri, agenouillé sur le mont Thabor, découvrant miraculeusement dans les airs le Christ entre Moïse et Élie. Ces ouvrages se distinguent par l’originalité de l’invention, et une entente de la composition remarquable pour ce temps.