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SIMONE ET LIPPO MEMMI,
peintres siennois.

Heureux l’artiste dont le talent appelle la fortune et les honneurs ! heureux l’artiste dont le caractère affable séduit tous les cœurs ; mais plus heureux cent fois l’artiste qui sait gagner l’amitié d’un de ces hommes dont les écrits glorieux transmettent sûrement un nom à la postérité la plus reculée ! Ceci s’adresse surtout aux peintres. Leurs œuvres périssables ne leur offrent pas la garantie de durée que trouvent les sculpteurs dans le bronze et le marbre, et les architectes dans ces solides édifices qui résistent aux siècles. Quel ne fut pas le bonheur de Simone d’avoir vécu du temps de Messer Francesco Petrarca ! Il rencontra à la cour d’Avignon ce divin poëte qui, pour le payer du portrait de Madonna Laura, éternisa sa mémoire dans deux sonnets dont l’un commence ainsi :

Per mirar Policleto a prova fiso
Con gli altri che ebber fama di quell’arte
 (1).


et l’autre :

Quando giunse a Simon l’alto concetto,
Ch’a mio nome gli pose in man lo stile
 (2)