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phases de son histoire. Le moyen-âge la reçut donc dans le pêle-mêle de l’art païen, et soit que l’engouement des peuples pour elle fût toujours particulièrement vivant, soit que l’idée chrétienne ait éprouvé pour elle quelque sympathie, la fortune de la mosaïque sembla encore s’assurer davantage. Acceptée par l’Église comme un art principal, la mosaïque prit un développement énorme, et revêtit réellement pour la première fois un grand caractère. Aussi n’avons-nous pas hésité à dire en commençant que le génie artistique de l’Église nous paraissait surtout s’être manifesté dans les mosaïques du moyen-âge. Aussi n’oserions-nous pas prendre sur nous d’affirmer que l’Église n’ait pas associé intimement la mosaïque à toutes les idées qu’elle entendait faire régner dans le monde. L’éclat et la durée des matériaux, la multitude des parties, l’indissolubilité du lien, la patience même de l’ouvrier, purent paraître à la subtile intelligence un piquant rapprochement avec la splendeur de ses principes éternels, avec l’ampleur de sa rigoureuse unité, et avec l’autorité de ses commandements.

Quoique l’Église ne s’en soit pas expliquée, que nous sachions, on peut croire cependant, comme Ghirlandaio l’a cru après avoir vu les mosaïques de Rome[1], que les ouvriers byzantins ont travaillé pour elle en présence de l’éternité. Comparez les inspirations austères de ces pieux artistes avec ce

  1. Usava dire Domenico… la vera pittura per l’eternità essere il musaico (Vasari, Vita di Ghirlandaio).