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mosaïstes, en effet, se dispensèrent bientôt de dessiner eux-mêmes les motifs qu’ils se proposaient d’exécuter avec leurs émaux ; ils se repassaient, comme un fonds industriel, les cartons et les poncis dont ils avaient besoin. Or, quand on pense que, malgré la déplorable dégénérescence de ses seules parties vraiment artistiques, la mosaïque n’avait pas moins dépossédé la peinture de ses plus belles et de ses plus capitales entreprises, on comprend combien la décadence de tous les arts du dessin dut être plus prompte. Nous n’en exceptons pas même l’architecture, qui, au premier aperçu, pourrait paraître désintéressée dans la question. Nous avons dit à quel point nos arts étaient solidaires entre eux, et quel genre d’action ils exerçaient les uns sur les autres. Ainsi la mosaïque, étant venue à remplacer la peinture, hérita de son influence ; et on peut, selon nous, en reconnaître et en suivre les effets d’une manière frappante dans les œuvres architecturales des derniers temps de l’empire et du moyen-âge. L’oubli des proportions, la dépréciation des contours dont les négligences de la mosaïque donnèrent, suivant toutes les probabilités, le premier signal, se reproduisirent exactement dans le désordre et l’abâtardissement de tous les membres et de tous les profils de l’architecture. Mais une chose bien plus incontestable que celle-ci, et qui cependant, jusqu’à présent, n’a été remarquée par personne, c’est que la mosaïque, avec sa coloration obtenue par pièces de rapport, avec ses encadrements et ses compartiments incrustés, imprima à l’ar-