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soi un métier mixte, et se prêtant admirablement au pêle-mêle artistique dans lequel a fonctionné le moyen-âge, elle a, malgré sa fortune mauvaise et son évanouissement final, rendu d’incontestables services et inculqué de réelles qualités à presque toutes les branches de l’art. En effet, née peut-être, comme on l’a dit, d’un besoin de l’architecture, qui devait vouloir tempérer par l’emploi de quelques compartiments colorés la pâle physionomie de ses pavements et de ses aires, la mosaïque finit par pousser l’architecture à une plus riche coloration de toutes ses parties. De plus encore, la mosaïque, ayant pris, pendant le moyen-âge, le premier rang comme moyen pittural, et recevant de sa propre essence, de la nature de ses procédés même et du genre des motifs qu’elle était appelée à traiter, certaines qualités de largeur et de simplicité, elle les remit à la peinture, quand celle-ci lui succéda ou commença à exercer concurremment avec elle. Et assurément, si l’on veut y regarder, on ne pourra pas méconnaître la fidélité de notre observation dans tous les pays où la mosaïque a été primitivement en honneur. Ce cachet de sobriété, cet empire de la masse, cette subalternisation des détails, et ce qui vaut mieux peut-être encore, cette concision du sujet, cette simplicité d’attitudes, tout ce fond enfin si lisible et si net, sur lequel se détache la pensée des maîtres italiens, touchent de plus près qu’on ne le croit aux vieux errements et au spectacle habituel des mosaïques byzantines. Quant à nous, nous sommes tellement convaincus de cette vérité jus-