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BUONAMICO BUFFALMACCO.

aux mêmes instincts et aux mêmes croyances ? Il ne faut donc pas dans l’héritage de l’art, au gré des systèmes et des calculs étrangers et ignorants, prendre ceci d’un côté, et jeter cela de l’autre. Les véritables amis de l’art y perdraient trop. Il vaut mieux, au contraire, chercher les signes de fraternité. Cette étude est plus savante, plus productive, elle entre davantage dans le cœur des choses, et n’en comprend pas moins bien pour cela leur surface. Ce n’est point une pauvre veine à ouvrir dans les mines de l’art, que la recherche de ce qu’ont de commun et de solidaire les efforts des écoles gothiques de la France et de l’Allemagne, avec les principes, les recherches et les affections des écoles renaissantes de l’Italie. Dans les monuments de toutes sortes qu’elles nous ont laissés, il y a d’autres rapprochements à faire que ceux de leur date et qui témoignent mieux encore du lien qui les unit et qu’on aurait tort de vouloir rompre aujourd’hui au détriment des écoles italiennes, comme on a eu tort de les rompre dans les derniers siècles au détriment des écoles gothiques. Qu’on cherche donc les souvenirs de l’école byzantine, la transmission des matériaux du monde antique, les importations capricieuses des Orientaux et des Arabes, la foi et l’accoutumance anciennes, le doute et l’activité modernes, dans ces œuvres que la mort d’une civilisation et la naissance d’une autre ont si magnifiquement inspirées ; qu’on les y cherche, ils y sont. Ils y sont aussi bien dans les œuvres vénitiennes, pisanes, florentines, du douzième siècle, dans les basiliques,