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BUONAMICO BUFFALMACCO.

ces puissances qui se sont donné la mission de débrouiller le chaos de l’histoire, les hautes prérogatives qu’une pareille responsabilité réclame ; il faut qu’il leur soit permis de couper et de tailler dans le vif, et d’imposer à leur gré le caractère et le nom aux choses. Le malheur est qu’en réalité les époques ne se soudent pas l’une à l’autre de manière que leurs joints soient faciles à rencontrer, que les faits de l’histoire et les œuvres de l’art ne se produisent pas de manière qu’une méthode aussi hardie et aussi expéditive nous les puisse livrer et expliquer isolément. En effet, quand on a coupé la vie de l’art par morceaux, et qu’à chacun on a attaché une étiquette, si adroitement que soit faite la section, si heureusement que soit nommée la partie, on est encore loin de pouvoir rien professer avec sécurité et justesse. Nous croyons qu’on ferait mieux de dire bonnement comment se passent les choses dans les arts, d’autant que, comme elles se passent, il y aurait encore un bien grand attrait et un bien réel profit à les regarder ; car ce ne serait pas sans doute un fastidieux spectacle, ni une recherche stérile, que de voir l’immense enchevêtrement et de suivre les profondes infiltrations de deux arts, de deux principes en présence, aux prises dans les mêmes écoles, dans les mêmes œuvres, chez les mêmes hommes. Alors chacun comprendrait combien les formules jalouses, locales, étroites, rigoureuses, incapables d’expliquer l’art du passé, ont dû être incapables aussi de le féconder autrefois, comme elles sont incapables encore de le raviver aujourd’hui. Chacun comprendrait que l’art