non pas de cet ordre théocratique ou académique dans lequel toute individualité se comprime, se tait et s’ignore ; non pas de cet ordre factice et menteur que des volontés hostiles et des intérêts contraires au libre épanouissement de l’homme s’arrogent le droit de créer ; mais bien de cet ordre vrai qui naît du cours des choses et auquel se vouent seulement les hommes désintéressés et convaincus ; mais bien de cet ordre qui lie et harmonise toutes les tendances, tous les instincts, toutes les facultés et les pousse à leur développement suprême en leur ouvrant toutes les voies.
Maintenant, où finit le moyen-âge et où commence la renaissance ? C’est là une question épineuse qu’il y aurait un grand profit à scruter, dont l’étude apporterait une vive lumière et sur laquelle jusqu’ici on a glissé et on s’est prononcé avec une légèreté et une suffisance également déplorables. On dirait à voir le peu de souci qu’on s’en est donné, qu’il est de petite conséquence de confondre les limites de ces deux grandes évolutions de l’intelligence humaine. Mais par quelle distraction fait-on donc en même temps un si grand bruit des marques frappantes qui distinguent ces deux époques, et raisonne-t-on à perte de vue sur les inspirations et les principes contraires qui les séparent profondément ? Est-ce que ces marques, ces inspirations, ces principes, ne peuvent être aperçus que dans ces milieux ? Est-ce que le moyen-âge a fini, est-ce que la renaissance a commencé dans une naïve communauté de sympathies, d’opinions et d’efforts, à ce point qu’on