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BUONAMICO BUFFALMACCO.

fallait à la fois que la dissolution de l’antiquité se consommât, et que cependant ses richesses ne se perdissent pas. C’est dans ce sens, on peut le dire, qu’ont travaillé les hommes forts du moyen-âge. C’est dans ce sens que la Providence les a servis, afin que l’humanité fût assez long-temps protégée par l’idée chrétienne, assez long-temps maniée et assouplie par elle, pour que l’époque de la renaissance vînt remettre en honneur les précieuses acquisitions du monde ancien, sans toutefois s’encombrer de ses inutilités et de ses produits mauvais. Autrement, les grands hommes qui devaient consommer l’initiation des temps modernes, en appelant à eux le génie de l’antiquité, auraient couru le danger d’évoquer avec lui ses monstrueuses débauches, et de noyer encore les peuples sous le flot infect de ses brutalités.

À présent que nous croyons avoir indiqué quelle est la vraie cause de l’incohérence des produits du moyen-âge, et en remettant à plus tard d’indiquer de même quels ont été les motifs de leur monotonie, il convient de se demander ce que fut la renaissance, et à quelle époque on doit la faire remonter.

La renaissance, ce magnifique mouvement qui couronna si bien le moyen-âge, qui répara et agrandit l’humanité, et qui honore encore le christianisme par lequel il fut fomenté ; la renaissance, dont le beau nom, trouvé par la sagesse des peuples, commence aujourd’hui à être calomnié par un purisme dévot ; la renaissance dans les arts est le retour de l’ordre :