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BUONAMICO BUFFALMACCO.

toute une bibliothèque ; comme Constantin-Porphyrogénète, qui se prit un jour à passer en revue toutes les spécialités de la science humaine, depuis les secrets les plus importants de l’administration de l’empire jusqu’aux recettes les plus infimes des derniers métiers. Or, n’est-il pas avéré, par les travaux encore subsistants et par les témoignages écrits, que les artistes constantinopolitains ou leurs adeptes ont sillonné en tous sens l’Europe pendant le moyen-âge ? Le fait donc de l’ignorance, en matière de science et d’art, n’était point celui qu’on devait faire sonnerie plus haut, ni celui par lequel on devait chercher à caractériser le moyen-âge. Un inexprimable ennui de la science antique, une insurmontable apathie pour ses exigences, une perpétuelle indifférence pour ses formules, voilà certes ce qui rend mieux compte des longs tâtonnements, des bizarres essais, et des vicieux amalgames à travers lesquels ont opéré les artistes du moyen-âge. Sans cette disposition singulière et jusqu’ici peu observée, sans cette disposition à laquelle sans doute le christianisme devait pousser dans l’intérêt de la civilisation, il y aurait eu immanquablement, dans un moment quelconque, ici ou là, dans un coin ou dans un autre, une tentative précoce de restauration et de replâtrage de la civilisation antique. Quelque artiste, au moins, fatigué de voir autour de lui méconnaître, confondre, abattre tant d’œuvres antiques, pour en compiler, pour en amalgamer avec négligence les matériaux et les fragments, se serait assurément pris d’un beau zèle, et, s’informant des lois de leur