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BUONAMICO BUFFALMACCO.

paresse et par ennui que par ignorance. Le moyen-âge renchérit sur ces dispositions, mais voilà tout. Et qu’on ne croie pas que nous n’ayons le droit de parler ainsi que des premiers temps du moyen-âge, que de l’époque constantine, alors que les déclamations des rhéteurs et les démonstrations des professeurs du paganisme s’entendaient encore dans l’empire ; alors que les livres des Philostrate et des Longin, qui traitaient du beau et du sublime, étaient encore frais et populaires. Nous pouvons avec confiance continuer la même appréciation du moyen-âge pendant sa durée entière, et particulièrement à l’égard de nos arts. Si Rome fut souvent envahie, si ses monuments furent saccagés, si ses écoles se fermèrent, si ses ouvriers se dispersèrent, si Athènes, Antioche, Naples, Ravenne et les autres grands centres savants et artistiques de l’ancien empire eurent le même sort, Constantinople au moins y échappa ; Constantinople dont les musées et les bibliothèques, les palais et les églises, regorgeaient de tous les modèles et de tous les éléments que la puissante volonté de Constantin, de Théodose, de Justinien y avaient concentrés à différentes reprises ; de tous les objets précieux que la misère et la terreur des provinces avaient dû y faire refluer. L’école constantinopolitaine n’était donc point une école ignorante ; son érudition au contraire était immense. Elle avait en main l’héritage accumulé du savoir et du génie de chaque pays et de chaque siècle. Ses patriarches et ses empereurs même ont souvent été des puits de science : comme Photius, qui analysait de mémoire