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BUONAMICO BUFFALMACCO.

çon, la monotonie se vit changer par eux en constance, en unité, en harmonie, dérivant d’une haute moralité et de la prudence sacerdotale.

Le malheur est que de part et d’autre il n’est rien de tout cela. Les systèmes exclusifs, comme nous nous sommes déjà efforcés de le signaler, sont trop inhabiles à formuler, pour nos arts au moins, une poétique suffisante, et capable de rendre un compte exact de toutes les variétés de formes et de goût qu’ils ont pu et peuvent revêtir, aussi bien dans le passé que dans l’avenir. Le moyen-âge, en fait d’art, ne fut ni ignorant ni barbare ; il ne fut non plus ni soumis ni réglementé. Son incohérence résulte plutôt de son indifférence totale en fait de principes et de règles ; de même que sa monotonie provient surtout d’un abandon nonchalant qui le tournait à la routine. Et, en effet, pourquoi donc le moyen-âge aurait-il été ignorant, comme tant de déclamateurs se sont plu à le dire ? L’impatronisation du christianisme et des races barbares avait-elle ruiné et fait disparaître les éléments acquis de la science et de l’art antique ? Pas le moins du monde. Elle avait pu sans doute y aggraver un certain désordre ; mais ce désordre préexistait à un degré frappant, comme nous l’avons déjà prouvé.

Et quelle était la cause de ce désordre avant les désastres et la dissolution de l’empire, si ce n’est l’indifférence dont nous parlons ? À la fin du règne des Trajan et des Antonins, alors que Pausanias achevait à peine son livre, au temps des Septime et des Alexandre-Sévère, des Caracalla, des Gallien, des