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BUONAMICO BUFFALMACCO.

des choses après lesquelles nous courons. Du reste, bien que nous ne puissions jamais sympathiser avec eux, nous devons admettre que parmi ceux qui s’efforcent à prolonger les choses qui sont arrivées à leur déclin, et parmi ceux même qui s’épuisent à vouloir retourner vers les choses révolues et à recréer les choses définitivement mortes, il y a d’admirables talents et d’admirables caractères. Partout on trouve le troupeau et son élite ; et il convient de dire que, dans les grands conflits de goût et les grandes révolutions d’école, chaque camp a ses maîtres tranquilles et forts, et ses écoliers criards et inintelligents. L’histoire s’occupe peu des derniers.

Il ne faudrait donc pas croire que ce soient des hommes peu intéressants à connaître que les derniers champions de l’école byzantine, dont l’histoire a gardé les noms et dont le Vasari nous raconte la vie et les travaux. Ce vieux Margaritone, cet artiste estimé, encouragé, applaudi par toute l’Italie pendant la plus longue et la plus productive carrière, n’était point un homme ordinaire. Ce peintre, qui envoyait son grand Crucifix de Santa-Croce, son rude travail byzantin, au fier Gibelin Farinata degli Uberti, aimait l’art à la façon dont celui-ci aimait Florence. Il voulait son salut et combattait sa liberté. Michel-Ange, homme universel comme Margaritone, et célèbre comme Margaritone l’avait été, n’a-t-il pas, lui aussi, cru devoir maudire la nouvelle et pleurer l’art ancien ? Et puis, beaucoup de ces Byzantins entêtés marchèrent cependant, mais à leur manière. Giotto leur avait forcé la main, mais ils la forcèrent