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BUONAMICO BUFFALMACCO.

Le nombre des élèves du Giotto, si l’on cherchait à le rétablir, passerait peut-être toute croyance ; et il suffit, a-t-on dit, pour s’en faire une idée, de lire dans les archives du dôme de Florence cette quantité de noms obscurs mêlés à ceux de Taddeo Gaddi et de l’Orcagna. Mais ce n’est pas tout ; cette masse d’élèves était tellement acquise aux principes du Giotto, qu’à l’exception d’un certain nombre d’hommes indépendants ou capables de marcher, parce qu’ils étaient forts par eux-mêmes, la plupart se bornèrent plutôt à le singer qu’à le continuer en progressant. L’engouement de la foule pour les triomphes du Giotto fut monté à ce point que beaucoup de talents s’immobilisèrent et crurent probablement qu’il n’était pas donné à l’humanité d’aller plus loin. Il est au moins permis de le penser, quand on a sous les yeux les éloges sans restrictions et sans retenue du Dante, de Pétrarque, de Boccace et de Jean Villani, l’historien de Florence. Ce fait mal observé, et exagéré suivant l’ordinaire, a donné à croire à plusieurs auteurs qu’après la mort du Giotto il y eut un temps d’arrêt dans les progrès de la peinture, et une sorte de décadence passagère. Le vieux Gaddi était peut-être sous ces impressions, faites surtout pour tromper un contemporain intéressé dans la question, lorsqu’il répondit à la demande de l’Orcagna. Mais le vieux Gaddi avait tort, lui-même n’avait pas reculé, et l’homme auquel il parlait était déjà loin du Giotto. Cependant il faut reconnaître qu’il est toujours doux pour le vulgaire de trouver une ornière à suivre,