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BUONAMICO BUFFALMACCO.

tûmes et des armures dont j’ai tiré parti dans quelques tableaux, à la satisfaction de Son Excellence illustrissime le duc Cosme, qui me les avait commandés. Il ne faut donc pas mépriser les œuvres de ces maîtres, qui, bien qu’imparfaites, peuvent être d’une grande utilité aux hommes mêmes qui créent aujourd’hui des merveilles. À peu près vers cette époque, un paysan demanda un saint Christophe haut de deux brasses à Buffalmacco qui s’engagea, par contrat, à le faire moyennant douze florins ; mais, lorsqu’il eut visité la chapelle qui devait renfermer le saint Christophe, il trouva qu’elle n’avait que neuf brasses de longueur et même de hauteur. Ne pouvant donc planter son saint debout, il prit le parti de le représenter couché avec les jambes pliées. Le paysan refusa de payer, cria qu’il était volé et soumit l’affaire aux magistrats qui donnèrent raison à Buonamico.

À San-Giovanni notre artiste peignit une Passion du Christ qui méritait des éloges. On admirait surtout Judas pendu à un arbre, un vieillard qui se mouchait avec beaucoup de naturel et les trois Maries qui pleuraient amèrement au pied de la croix (6). Dans la même église, Buonamico avait laissé un saint Yvon de Bretagne entouré de veuves et d’orphelins et couronné par deux anges ; mais l’édifice et les peintures périrent dans la guerre de 1529. Messer Aldobrandino, évêque de Cortona, garda long-temps Buffalmacco à son service. Il lui fit peindre, entre autres choses, la chapelle et le tableau du maître-autel de son évêché ; mais nous