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BUONAMICO BUFFALMACCO.

blable travail. On le laissa donc seul ; mais, loin d’obéir à l’évêque, il représenta le lion florentin étouffant l’aigle arétin. Dès que cette peinture fut terminée, il ferma soigneusement son atelier, demanda à l’évêque la permission d’aller chercher à Florence des couleurs qui lui manquaient, et retourna dans sa patrie. Après l’avoir attendu longtemps en vain, Guido fit découvrir le tableau. Furieux d’avoir été joué, il mit à prix la tête de Buonamico, qui se moqua de ses menaces. Plus tard, le prélat fut assez sage pour lui pardonner et reconnaître qu’il avait agi en bon citoyen. Il le récompensa même libéralement, lui confia la décoration de la niche de la grande chapelle de San-Giustino (4), et lui procura dans l’ancienne cathédrale d’autres travaux dont il ne reste plus aucune trace aujourd’hui.

On raconte que, pendant son séjour à Florence, Buonamico se joignit à quelques amis, chez Maso del Saggio, pour organiser la fête nautique que les habitants de Borgo-San-Friano donnèrent le Ier mai, le jour où le pont de bois de la Carraia s’écroula sous le poids des milliers de personnes qui étaient accourues pour jouir du spectacle. Buffalmacco échappa par hasard à la mort affreuse qui frappa tant de victimes. Deux minutes avant la ruine du pont, il s’était éloigné pour aller chercher quelque chose qui manquait à la fête (5).

Peu de temps après cet événement, Buonamico fut appelé à Pise. Il y peignit dans l’église de l’abbaye de San-Paolo, qui appartenait alors aux moines