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BUONAMICO BUFFALMACCO.

Une ou deux fois, il prit son mal en patience et se contenta de grogner un peu ; mais, quand il vit que ses paroles ne produisaient aucun effet, il lança de rudes bourrades à sa pauvre femme qui se désespérait en pensant qu’elle avait eu la précaution de ne pas saler ses ragoûts. Un jour elle voulut se justifier, mais Tête-d’oie entra dans une telle colère, et la frappa de telle sorte que tout le voisinage accourut aux cris de l’innocente victime. Buffalmacco ne fut pas des derniers à arriver ; et, après avoir écouté les griefs du mari et les excuses de la femme, il dit à Tète-d’oie : « Allons donc, camarade, il faut être raisonnable ; tu te plains de ce que ta soupe est trop salée soir et matin, eh bien ! moi, je suis étonné que cette brave femme soit capable de toucher à une assiette sans la casser. Je ne sais comment elle peut faire un pas dans la journée ; elle passe la nuit à son rouet, et ne dort pas une heure, je crois. Laisse-la ronfler tranquillement toute la nuit, et tu verras qu’elle aura sa tête toute la journée et ne commettra plus de semblables fautes. » Buffalmacco se tourna ensuite vers les voisins qui se joignirent à lui et dirent à Tête-d’oie qu’il devait suivre le conseil qu’on lui donnait. Maître Tête-d’oie les crut, et son dîner fut raisonnablement salé toutes les fois que sa femme ne se levait pas trop matin ; car alors Buffalmacco recourait à son remède avec tant de constance, que Tête-d’oie finit par enjoindre à sa femme de ne sortir du lit qu’au grand jour.

Un des premiers travaux de Buffalmacco, à Flo-