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ANDREA.

Constantinople avait gardé, il faut le croire, un ensemble assez complet des traditions de l’antique talent du fondeur, puisqu’il est souvent fait mention d’ouvrages de bronze exportés par ses marchands, ou qu’on venait commander de loin à ses ouvriers. Ce qui est positif, c’est que, malgré toutes les causes qui ont pu en faire disparaître beaucoup, il existe encore dans tous les points de l’Europe des portes en bronze, qui par le cachet du travail, par la tradition qui s’y rattache, ou l’inscription qu’elles conservent, remontent certainement aux temps les plus reculés du moyen-âge.

Rome en comptait plusieurs fort anciennes avant qu’elle n’appelât, en 1445, Filarete et Simone, le frère du célébré Donatello, pour sculpter celles de l’ancienne basilique de Saint-Pierre, les mêmes qui se voient aujourd’hui à l’entrée principale de la nouvelle église. Adrien Ier lui avait donné dès l’année 780 celles de saint Corne. Son consul Pantaléon avait lui-même fait le voyage de Constantinople, pour assister à la fonte de celles qui furent placées à la basilique de Saint-Paul ; et le pape Célestin III, en 1195, avait commandé à deux Italiens, les frères Pietro et Uberto de Plaisance, celles qui ornent la chapelle orientale de Saint-Jean-de-Latran. Venise en avait pris aussi à Constantinople, et en avait fondu chez elle bien long-temps avant que le Sansovino ne lui fît l’admirable morceau de la sacristie de Saint-Marc. De même, Bologne, avant d’en demander une à Jacopo délia Quercia, en avait une autre de cet habile Marchione d’Arezzo, dont le Vasari nous