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continuateurs du Giotto étaient restés en masse plongés comme lui dans l’espèce de barbarie et d’impuissance rudimentaire qu’ils lui reprochent. La chose leur paraît avoir été d’autant plus naturelle que les académies n’étaient point alors inventées.

Les restaurateurs de l’art catholique, qui préconisent surtout les œuvres primitives et qui croient seuls en avoir l’intelligence et en connaître les beautés, ne sont pas contrariés, non plus qu’il soit convenu que le quatorzième siècle ait passé dans une révérentieuse immobilité. Ne pouvant méconnaître les recherches et les tendances des Paolo Uccello et des Masaccio, qui signalèrent la résurrection du paganisme et l’invasion du naturalisme, comme ils disent dans leur langue, ils sont bien aises au moins de déguiser les efforts des héritiers de Cimabue et de Giotto, de Duccio et des Memmi. Autrement, quand donc eût-on joui de la bienheureuse et à jamais regrettable immobilité qu’ils conseillent ?

C’est assez sur ce point ; et nous pouvons nous borner à faire remarquer : 1o que les œuvres de Stefano, pour ne parler que de lui, sont évidemment plus fortes et plus voisines du vrai que celles de son maître ; Stefano préludait aux grands progrès que l’avenir réservait à Florence par les deux exercices qui la rendirent si puissante, l’anatomie et la géométrie. 2o Les efforts et les résultats de Stefano étaient consciencieux ; ils étaient entrepris et obtenus en toute connaissance de cause. La mar-