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sées. Mais rien n’est moins fondé que l’assertion tranchante que nous signalons, rien n’est plus injuste que le jugement sommaire dont nous nous plaignons.

Au reste, nous croyons connaître parfaitement les singulières raisons qui ont pu amener tant de personnes savantes à professer une hérésie dont l’œil le moins exercé et le regard le moins attentif auraient pu se garder. On fait malheureusement trop, en matière d’art au moins, les livres avec des livres. Et pour peu qu’une exagération ait échappé à quelques critiques jouissant de quelque autorité, on est sûr de la voir se reproduire sans fin, et sous forme d’axiome, dans toutes ces revues d’hommes et d’œuvres qui se font plutôt en compulsant qu’en voyant. Ainsi quelqu’un se sera trouvé, qui voulant faire un éloge convenable du Giotto, et ne sachant pas trop comment le tourner, et en quoi le faire bien intimement consister, se sera tout simplement avisé de dire, pour sortir de peine, que pendant près d’un siècle aucun peintre n’avait pu faire après lui un pas de plus ; et chacun, sauf de bien rares exceptions, l’aura répété ; d’autant plus que les erreurs, si grossières qu’elles soient, sont toujours les bienvenues pour certains esprits infatués d’une conviction préalable, et que le résultat d’un examen sérieux et sincère ne saurait accommoder.

Les académiciens, qui professent un souverain mépris pour les premières tentatives de l’art renaissant, n’ont pas été fâchés de décider que tous les