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cela plus tard ? Quant à nous, aucun nouveau dogme, aucun nouvel anathème ne nous étonnera de sa part ; nous connaissons trop bien dans les arts la marche des idées exclusives et l’entraînement des formules littéraires. Quand on a accusé Raphaël, Michel-Ange et le Corrège d’avoir trahi la cause de l’art, on devait remonter plus loin ; la saine critique, la seule qui soit vraie, la seule qui procède comme l’artiste, au plus fort de sa verve, et qui n’écoute rien, celle enfin des systèmes, a déjà accompli son œuvre Michel-Angelesque. L’école catholique allemande a notifié à toutes ses succursales que Giotto et les siens avaient aussi trahi. Ainsi, le cercle fatal des extrêmes est pour elle accompli. Schlegel donne la main à Winkelmann ; et les artistes consciencieux, les esprits élevés, les cœurs ardents, les âmes pures et religieuses doivent s’éloigner des œuvres infectées de Giotto et de toutes celles où sa maligne influence se fait reconnaître. Nous le savons, plus d’un naïf adepte de l’école catholique française va se sentir ému jusque dans ses entrailles ; plusieurs même seront scandalisés et ne voudront pas croire et s’incliner. En effet, de toutes leurs illusions, celle-ci n’est-elle pas la plus cruelle à perdre ? Et de tous les sacrifices, celui-ci n’est-il pas le plus dura consommer ? Et puis, diront-ils, où nous mène-t-on ? Que de noms amis ne nous a-t-on pas fait renier déjà de proche en proche et tout le long du chemin ! Pourquoi nous demander encore celui-là ? Qu’a de commun le Giotto au talent si naïf, si timide, et si convaincu à la fois, si gracieux et si modeste en même