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Depuis Winkelmann, depuis le moment où décidément sa bannière fut abandonnée, les artistes allemands ont répondu à d’autres appels aussi exclusifs ; et l’on peut prédire que bientôt ils se seront égarés dans les vagues régions de l’idéal fantastique des temps féodaux. Ces protestants, que la forme seulement convertit et jette au pied de la Vierge Marie, n’y retrouveront pas les fécondes extases des Fiesole, des Gozzoli et de tous leurs naïfs prédécesseurs de Florence, de Sienne et de l’Ombrie. Et puis, quand il les retrouveraient, qu’en avons-nous besoin ? Sont-ce là des choses qu’il faille doubler ?

En tous cas, et c’est par là qu’il nous faut finir ici, que leurs correspondants de France s’entendent avec eux et s’expliquent avec nous. Nous savons ce que la critique allemande professe d’admiration et d’enthousiasme pour les œuvres des écoles de la Toscane méridionale et pour celles de ces vieux ateliers groupés autrefois autour du tombeau de saint François d’Assise ; nous connaissons cette admiration, et certes nous la partageons en toute sûreté de conscience, car il nous semblerait inadmissible que quelqu’un en voulût exercer le monopole. Mais nous connaissons aussi les dédains et les colères de la critique allemande contre les œuvres prévaricatrices déjà, suivant elle, des Florentins et des Pisans. Il nous semble qu’autour de nous personne n’y prend garde. L’école catholique allemande, en ne vulgarisant pas tout son secret, se serait-elle ici méfiée de la pétulance française, et doit-elle promulguer