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Hemmelinck, de leur Wolfmutt, de leur Albert Durer, de leur Martin Schoen, de leur Lucas Cranach, de leur Lucas de Leyde, de leur Fischer, et de tant d’autres glorieux maîtres qui se rattachent au grand mouvement européen de la renaissance ; voyez leurs peintres, entichés de l’imitation de la nature, s’occuper des recherches inutiles du trompe, l’œil, et produire ces insignifiants chefs-d’œuvre de constance et d’irréflexion qui font peine à voir. La portraiture d’Holbein, dont le soin et la propreté sont assurément le moindre mérite, continuée dans l’école allemande, est venue aboutir à cette désespérante peinture dénaturés mortes et d’ustensiles, à ces vues de chambre noire, à ces effets de verre grossissant, où chaque teinte se plombe à force de s’unir, où chaque détail accroche l’œil et l’effraie, et dont toute l’illusion révolte.

L’art italien, dans sa déplorable décadence, n’était pas tombé si bas ; les chauds pastiches des Solimene, des Luca Giordiano, des Tiepolo, malgré leurs mollesses et leurs lazzis, malgré leurs effets boursouflés, leurs ensembles sans justesse, leurs attaches et leurs plans escamotés, honorent plus l’art que les pastiches prétentieux des Dietricy, des Chrétien Seiboldt et de tant d’autres, sans oublier celui qui nous donna cette hideuse ressemblance de vieille femme qui se voit dans la galerie du Louvre, et où chaque poil a son reflet, sa vigueur, sa demi-teinte, sa lumière, et projette encore, par surcroît de vérité, son ombre sur une peau dont tous les pores sont comptés.