Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que la chaleur est étouffante, je me reposerais un peu, si j’étais à ta place. — Et moi, si j’étais à la vôtre, je ne manquerais pas de le faire, » répliqua Giotto. Pendant que Giotto travaillait dans une salle où il laissa son portrait parmi ceux de plusieurs hommes fameux, et qu’Alphonse Ier détruisit plus tard pour construire le château, le roi Robert le pria, par je ne sais quel caprice, de peindre le royaume de Naples. Giotto, dit-on, représenta un âne couvert d’un bât, surmonté d’une couronne et d’un sceptre. À ses pieds se trouvait un autre bât tout neuf, également chargé des insignes royaux. L’âne le flairait et semblait désirer qu’on le mît à la place de celui qu’il avait sur le dos. Le roi ayant demandé ce que signifiait cette allégorie, Giotto répondit que l’âne était l’image fidèle du royaume de Naples, qui chaque jour désirait passer sous un nouveau maître.

Giotto quitta Naples pour aller à Rome, mais il fut forcé de s’arrêter à Gaëte, pour peindre à la Nunziata divers sujets du Nouveau-Testament, qui, bien qu’endommagés par le temps, permettent encore aujourd’hui de voir le portrait de Giotto près d’un Crucifix d’une beauté remarquable. Notre artiste demeura ensuite quelques jours à Rome, pour le service du signor Malatesta. De là il se rendit à Rimini, dont Malatesta était seigneur, et il fit à San-Francesco un grand nombre de peintures, qui depuis furent jetées à terre par Gismondo, fils de Pandolfo Malatesti, lorsqu’il reconstruisit entièrement l’église. Dans le cloître, il peignit à fresque l’Histoire de sainte