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malheur affligea profondément, se rendit à Lucques, que Gastruccio gouvernait alors. À la prière de ce seigneur, il peignit à San-Martino saint Pierre, saint Regolo, saint Martin et saint Paulin, protecteurs de la ville, recommandant au Christ un pape et un empereur, sous les traits desquels se trouvent, dit-on, les portraits de Frédéric de Bavière et de l’antipape Nicolas V. On croit aussi que Giotto donna le dessin, à Lucques, du château et de la forteresse inexpugnables della Giusta. Dès qu’il fut de retour à Florence, Robert, roi de Naples, dit à son fils aîné, Charles, roi de Calabre, de ne négliger aucun moyen pour envoyer notre artiste à Naples. Robert voulait lui faire orner de peintures Santa-Chiara, monastère de femmes et église royale, qu’il venait de construire. Giotto s’empressa de répondre à l’appel de ce puissant roi. Il représenta de nombreux sujets de l’Ancien et du Nouveau-Testament dans plusieurs chapelles du monastère (8). On prétend qu’il y traita l’histoire de l’Apocalypse d’après les données du Dante, qui peut-être déjà lui avait fourni l’invention des peintures d’Assise, dont nous avons parlé plus haut. Giotto peignit ensuite, entre autres choses, la chapelle du château dell’Uovo, à la satisfaction du roi Robert, qui lui portait une vive amitié, et qui souvent se plaisait à le voir travailler et à écouter ses bons mots. Le roi disant un jour qu’il voulait faire de son peintre le premier homme de Naples, Giotto s’écria : « Eh ! je le suis déjà, puisque je loge à la porte Reale, au commencement de la ville. » Une autre fois, le roi lui dit : « Giotto, maintenant