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Nous les avons remplacés dans notre publication par un travail personnel. C’est donc encore un Vasari annoté que le nôtre. Il l’a bien fallu. Les quelques personnes qui se sont rendu compte par elles-mêmes du mérite des annotations faites avant nous, tireront un mauvais augure des nôtres, nous le savons bien. Mais les personnes beaucoup plus nombreuses qui, n’ayant pas pu en juger par elles-mêmes, auraient cru que le Vasari ne pouvait se présenter convenablement sans ce fatras, trouveront leur compte chez nous. Elles n’auront point un Vasari abandonné à lui-même, sans frein et sans bride, sans précision et sans loyauté. Nous sommes là tout à fait désintéressés dans les querelles et les préjugés dans lesquels tant de gens ont dit que le Vasari s’était vautré, à ce point que son livre était devenu une sorte d’épouvantail. Nous sommes là, ayant, comme beaucoup d’autres, acquis quelques nouveaux et utiles enseignements manquant à son texte. Tout le monde, en outre, voudra croire que nous n’avons négligé de joindre à notre édition rien de réellement essentiel de ce qui se peut trouver dans les meilleures éditions italiennes.

Maintenant, si l’on a pu comprendre dans quel but nous avons voulu donner un Vasari annoté, si l’on a pu pressentir dans quelle vue nous n’avons point voulu reproduire les annotations anciennes, il reste à dire pourquoi nous avons trouvé bon d’introduire les nôtres, et quelle valeur elles peuvent avoir au fond et dans notre idée.

Les dilettanti de tous les pays se sont parfaitement entendus, comme nous l’avons déjà dit, pour piller, mutiler, contredire et calomnier notre auteur. Mais chaque nation y a apporté son procédé distinct, tout à fait en rapport avec son genre d’esprit et la manière dont elle prend les choses. Les Italiens, qui se passionnent facilement et à qui la passion donne tant de force, ont tout sacrifié pour arriver à une complète rectification du Vasari : courses et expéditions de tous genres, études et investigations de tout ordre, ils n’ont rien négligé. Or, comme voilà à peu près trois cents ans que cela dure chez eux, on peut s’en rapporter à nous, et croire que rien en France ne saurait donner l’idée de cette masse d’histoires