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L’art cependant, a-t-on dit, s’est positivement éteint dans ces temps ; il y a complètement disparu ; disparu avec tous ses résultats et tous ses moyens. Nous reconnaissons nous-mêmes que beaucoup de causes et de mémorables événements ont pu le faire croire ; mais c’est à condition seulement qu’on nous accordera que ces causes et ces événements ont été mal étudiés, et qu’on en a exagéré et méconnu les réelles conséquences. L’impartiale et laborieuse histoire raconte les faits ; les systèmes distraits et paresseux les altèrent ; tâchons de les rétablir. On s’est appuyé, pour soutenir la thèse de l’anéantissement de l’art, sur les excès des empereurs romains, poussant l’art à sa décadence par l’abus ; sur les déclamations des premiers Pères de l’Église enveloppant l’art dans la solidarité des débauches païennes ; sur les fureurs des iconoclastes ; enfin, sur l’invasion et les ravages des peuples barbares.

En voilà certainement beaucoup, et plus qu’il n’en faut, pour effrayer l’imagination et remplir la tête de toutes les idées de mort, de ruine et de catastrophes de tous genres. Mais ce n’est point assez cependant pour que l’art se soit retiré de parmi les peuples. Il a souffert comme eux, et pris patience, rien de plus.

On ne nous accusera pas certainement d’avoir pallié les excès des empereurs romains et leurs fâcheuses influences en fait d’art. On pourra même peut-être nous reprocher d’avoir ravalé l’art antique d’Auguste à Constantin ; car nous n’ignorons pas que cet art a ses admirateurs exclusifs, qui appellent