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recherches et de fastidieuses digressions ; mais, comme nous désirons plutôt avertir nos lecteurs sur la masse, que les édifier sur les détails, nous pourrons encore assez rapidement arriver à notre terme, c’est-à-dire au temps où le livre du Vasari commence.

Et d’abord, constatons l’existence de l’art dans cette période, ou plutôt attaquons les inexplicables distractions de la plupart des écrivains qui ont nié cette existence ; car c’est surtout ici le lieu de ne point passer sous silence un des plus universels et des plus stupides préjugés qu’on puisse signaler.

On a raconté, et cela dans des livres qui se donnent comme graves et bien informés, la disparition complète des arts après le règne de Constantin, et leur réinvention positive au treizième siècle ; on a prétendu, ce qui est également dérisoire, que le Vasari appuyait de preuves nombreuses et irrécusables cette double assertion que nous espérons ruiner facilement, dans ses développements comme dans sa base. Dans l’histoire de l’art, tout le monde, en outre, trouvera juste et opportun que ce préjugé soit discuté ici, puisqu’on a prétendu ailleurs que le Vasari l’avait surtout fomenté et autorisé.

Ainsi les écrivains et les artistes modernes ont partagé, quant à l’origine de l’art, une erreur analogue à celle où étaient tombés autrefois les Grecs anciens qui prétendaient aussi avoir inventé les commencements de leurs arts à eux seuls ; tandis qu’il est maintenant avéré que leurs arts, surtout à leur berceau, n’étaient qu’une émanation immédiate de la