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écrasent de leur perfection ? Croit-on qu’il n’avait pas dû se perpétuer chez eux une partie, si faible qu’elle fût, de l’intelligence des moyens, des calculs, des notions antiques ? Et puis dans les arts n’y a-t-il que des questions déformés et de moyens matériels ? Quand bien même la technique byzantine eût été entièrement dépravée, était-ce une raison pour ne tenir aucun compte de l’art byzantin ? N’est-il pas vrai, en définitive, que le moyen-âge a travaillé avec la confiance de nous laisser un digne et durable témoignage des sentiments et des idées qui l’animaient, lorsqu’il a élevé les monuments que nous dédaignons aujourd’hui ? N’est-il pas vrai qu’à travers les conceptions informes, que sous les œuvres grossières que le moyen-âge nous a laissées, nos pères ont mis leurs plus nobles, leurs plus naïves et leurs plus fortes impressions ?

On devait donc prendre en considération l’art byzantin, par cela seul qu’il pouvait être un témoin irrécusable des transmissions artistiques faites par les sociétés antiques aux sociétés modernes ; par cela seul qu’il pouvait être un dépositaire fidèle de leurs sentiments les plus intimes et les plus élevés, avant même qu’elles eussent trouvé des langues qui leur fussent propres, pour les pouvoir exprimer autrement. Et, en effet, pour peu qu’on jette les yeux sur les recueils si riches des Bosius, des Arringhi, des Ciampiani, des Buonarroti, des Bottari et de tant d’autres, où les fragments de ces temps sont consignés, l’on verra qu’il ne s’agit pas de lancer un mot de mépris à tous ces anonymes du moyen-