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sommes entrés dans notre note sur le Lapo. Nous y avons glissé trop superficiellement sur trois questions historiques importantes : la décadence de l’art antique, l’invasion des Barbares, la persécution essuyée par les artistes dans la querelle des images. Ces trois grands faits ont donné naissance à la plus vivace banalité, à savoir que l’art avait été totalement anéanti pendant une bonne partie du moyen-âge. Nous devons faire face à cela, si nous pouvons, et marquer, pour ceux qui en doutent, la possibilité et la continuité de l’art dans ces temps.

Le Vasari nous a dit franchement ce qu’il pensait de l’art byzantin. Il nous a dit qu’il le regardait comme infiniment faible et grossier, comme peu de chose en soi, comme rien, si l’on veut. C’est qu’il nous en parlait comme un ouvrier consommé, rendu difficile par sa propre habileté, et exigeant par la satiété de son époque. Tous ses contemporains, à sa place, en eussent parlé comme lui. Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange, le Titien, professaient, on peut en répondre, les mêmes dédains et la même pitié. Nous sommes loin maintenant de partager cette appréciation sommaire. Mais faut-il croire pour cela que ces hommes n’avaient pas d’aussi bons yeux que nous, et, en vertu de notre haute judiciaire, faut-il tarabuster leur incompétence ? Emphase et puérilité. Ce que nous cherchons maintenant à voir dans l’art byzantin (ce qui peut fort bien y être), ces hommes n’avaient pas à s’en occuper, ils étaient retenus ailleurs. Et, en effet, s’il peut être bon pour nous aujourd’hui, et pour nos progrès, de regarder en