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Cela peut être. Mais alors il faut qu’ils consentent à se déclarer superficiels, et s’ils n’ont pas la force d’étudier mieux, qu’ils renoncent à étaler leurs généralisations ignorantes et leur dogmatisme insolent. À ce compte, l’histoire du monde entier serait bientôt faite : ne connaître de l’art italien que Michel-Ange, Raphaël, le Titien et Paul Véronèse, ce n’est pas connaître l’art italien, comme on l’a prétendu. Tous les hommes forts de l’Italie sont unis en faisceau par des liens qu’il n’est pas facile de rompre. Ils ont tous influé les uns sur les autres. Qui ne connaît cette glorieuse famille dans son ensemble n’en peut connaître intimement aucun membre, et qui prétend le contraire s’en fait accroire.

Cette connaissance complète de l’art italien, le Vasari est loin assurément de la pouvoir donner. Son ouvrage n’embrasse pas toute la durée du mouvement artistique de sa nation. Il prend, il est vrai, ce mouvement à sa naissance, et le conduit jusqu’à son apogée. Mais il n’en laisse pas moins en dehors, à cause du temps où il a été publié, une foule d’hommes fort intéressants, tant il y a eu de solides et de brillants talents engagés dans l’époque de la décadence. De plus, l’œuvre du Vasari, prise comme elle est, dans sa marche et dans son cadre, contient encore beaucoup de défauts et de lacunes. Ce n’est pas là certes une chose bien particulière ; mais ce qui distingue ce livre, c’est que, malgré ses opinions et ses erreurs, il ne peut jamais être confondu avec toutes ces compilations chez lesquelles la grâce des formes et la magie du style, lorsqu’elles s’y rencontrent, ne sauraient masquer l’inconsistance des principes et la fausseté des assertions.

Ce sont ces considérations qui nous ont déterminés à traduire le Vasari. Mais si jusqu’ici nous sommes confiants dans l’opportunité de notre entreprise, c’est que nous n’en avons en vue qu’une partie. En effet, notre confiance se perd quand nous pensons aux notes dont nous accompagnons notre traduction.

C’est sur ce point que nous voulons nous expliquer.

En Italie, en Allemagne, en Angleterre, le texte original du Vasari et sa version ne marchent guère qu’escortés d’une masse