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ANDREA TAFI

-Marco, puissent être mis en parallèle avec les siens. Dans son genre spécial, ce n’est ni à côté de Cimabue, ni de Tafi et de Gaddo Gaddi qu’il convient de placer cet homme habile et progressif. À côté de l’illustre Giotto il est plus réellement en son lieu ; et si le Vasari y eût regardé d’un peu plus près, ou s’il se fût un peu moins souvenu qu’il s’agissait d’un Siennois, il n’eût pas enveloppé le Turrita dans son assez indécente plaisanterie. Les mosaïques de Turrita, qui se voient encore dans le chœur de Santa-Maria-Maggiore et dans d’autres églises de Rome, n’ont rien qui puisse provoquer le rire et la pitié. La mosaïque, même au temps du Vasari, n’avait pas été poussée assez loin pour avoir le droit d’insulter ainsi à ses vieux maîtres. Le Turrita fut un artiste excellent ; et la mosaïque, dans ses mains, ne fut ni un maladroit, ni un servile métier. Dessin, couleur, expression et ajustement, tout le recommande ; et, soit qu’il ait reçu les éléments de son art des Grecs, des Siennois ou de l’ancienne école des mosaïstes romains, laquelle remonte très avant dans le moyen-âge, il n’en a pas moins été un des artistes les plus originaux de son temps ; il n’en a pas moins dans sa sphère agi et influé autant qu’un autre, soit par un pieux retour vers les principes de l’art antique méconnu et abâtardi, soit par une étude plus consciencieuse de la nature.