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ANDREA TAFI

art, aucune connaissance du dessin ; cependant on doit leur accorder quelque mérite, si l’on a égard aux ténèbres qui environnaient alors la peinture. D’ailleurs les incrustations sont habilement et solidement assemblées. En somme, la fin de cet ouvrage est meilleure ou plutôt moins mauvaise que le commencement, quoique le tout, comparé aux mosaïques modernes, soit plus propre à exciter la pitié que l’admiration. Enfin Andrea fit dans la même tribune, sans l’aide d’Apollonius, un Christ haut de sept brasses qui existe encore aujourd’hui. Ces travaux rendirent Andrea célèbre à Florence et dans l’Italie entière et lui valurent de riches récompenses. Il fut vraiment heureux d’avoir vécu dans un temps où l’on prisait tant ce qui valait si peu, pour ne pas dire rien. La même chose advint à Fra Jacopo da Turrita, de l’ordre de Saint-François. Quelques mosaïques assez grossières qu’il exécuta derrière l’autel de San-Giovanni, dans la tribune, lui furent généreusement payées (3) et le firent appeler à Rome où on lui confia des travaux dans la chapelle du maître-autel de San-Giovanni-Laterano et dans celle de Santa-Maria-Maggiore. Il alla ensuite à Pise. Il y entreprit, dans la grande tribune de la cathédrale, en compagnie d’Andrea Tafi et de Gaddo Gaddi, les Évangélistes et d’autres mosaïques qu’il laissa presque toutes inachevées et qui furent plus tard conduites à fin par Vicino (4). Ces maîtres obtinrent du crédit pendant quelque temps ; mais, dès qu’on put comparer les productions d’Andrea, de Cimabue et de leurs imitateurs, avec celles