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derniers temps de l’empire romain, la sculpture était plus dépréciée dans sa forme, dans ses mouvements, dans ses longueurs, dans son expression, que la peinture ; et que la peinture avec elle était loin et bien loin d’avoir conservé une dignité et une science égales à celles que pouvait montrer encore l’architecture. De plus, pendant toute la période qui précéda le réveil de l’art, la sculpture était tombée au plus bas, tandis que la peinture, la miniature et la mosaïque conservaient encore une certaine physionomie et une certaine intelligence ; tandis que l’architecture, malgré sa situation mauvaise, gardait tant bien que mal plusieurs utiles traditions du passé, et arrachait même quelques réels progrès pour l’avenir. La sculpture expiait-elle alors la haute faveur dont le polythéisme grec l’avait spécialement entourée ? On serait tenté de le croire, quand on la voit si sévèrement éprouvée dans les premiers temps du catholicisme, et si maigrement partagée pendant une bonne partie du moyen-âge ; alors, qu’à l’exception de quelques rares statues élevées çà et là par l’adulation ou la reconnaissance, elle semblait entièrement condamnée à orner, dans son immobilité, les grossiers sarcophages du temps ; alors qu’exilée encore de l’intérieur du temple, elle se contournait dans mille attitudes souffrantes, et sous la main rigide de l’architecte, dans les étroits compartiments du porche et du frontail, ressemblant à ces excommuniés en larmes et frappés de verges, qui demandaient pardon et entrée.

C’est dans cet état d’abjection complète, dans