Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
NICCOLA ET GIOVANNI

premier à établir des piliers portant des arcs sur lesquels on élevait tout l’édifice. Il fut également le premier à piloter avec soin les endroits où il jetait ses fondements, de façon que, malgré le peu de consistance du sol, ses bâtisses acquéraient une extrême solidité. Il donna le modèle de l’église de San-Michele ; mais son chef-d’œuvre est sans contredit le campanile de San-Niccola. Cet édifice est octogone en dehors et circulaire en dedans ; un escalier en spirale, au milieu duquel est un espace vide en forme de puits, conduit jusqu’au sommet : de quatre en quatre marches sont disposées des colonnes servant de support à des arcs rampants qui tournent autour du noyau. Du milieu de l’escalier on voit le haut et le bas ; d’en haut on aperçoit facilement le bas, et vice versâ. Cette capricieuse invention fut plus tard mise en œuvre avec encore plus de succès sous Jules II, par Bramante, dans le Belvédère, et sous Clément VII, par Antonio da San-Gallo, dans le puits d’Orvieto, comme nous le dirons lorsqu’il en sera temps.

Niccola, non moins habile sculpteur qu’architecte, exécuta sous le portique d’une petite porte de San-Martino-in-Lucca, où l’on voit une Déposition de croix, un bas-relief qui donna l’espoir aux artistes d’alors que bientôt s’ouvrirait devant eux une voie meilleure. L’an 1240, Niccola fournit à la ville de Pistoia le dessin de l’église de Sant’-Iacopo ; il y fit ensuite décorer à grands frais, par des mosaïstes toscans, cette voûte qui aujourd’hui ne sert plus qu’à montrer avec quelle profusion on dépensa des trésors immenses pour élever des monuments qui