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ARNOLFO DI LAPO

bres de ses enfants. Elle n’oubliera jamais que c’est sous l’architrave de la basilique païenne que ses papes et ses conciles ont appris à Constantin et au monde que Dieu était présent partout ; que c’est de son portique que fut repoussé, par un de ses saints évêques, le tout-puissant empereur Théodose ; que c’est sous son plein-cintre roman qu’elle conquit par le baptême son fils aîné Clovis, et qu’elle sacra Charlemagne empereur d’Occident ; que c’est sous les voûtes aiguës des cathédrales gothiques qu’elle consola les peuples du mauvais succès des croisades et des regrets de l’Orient ; que c’est enfin sous un temple de la renaissance qu’elle anathématisa Luther.

Quant à l’art, si l’église catholique renonçait jamais à son universalité, il semble qu’il garderait encore la sienne.

Il fallait, suivant nous, dire ces choses avant de nous engager dans l’examen des œuvres et des mérites d’une époque glorieuse qu’on calomniera peut-être bientôt, au train dont vont les choses, pour être à la mode et pour paraître avoir le sentiment de l’art.

Comme l’architecte Arnolfo di Lapo a été un des plus vigoureux promoteurs de cette époque, et comme ses exemples ont été suivis fidèlement jusqu’à la fin par les artistes les plus forts, nous croyons nos observations à leur place. Quant à son œuvre commencée, Santa-Maria-del-Fiore, nous chercherons à l’apprécier quand, pour l’achever enfin, Brunelleschi y appliqua sa tête puissante.