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générations de fidèles consolées dans ses murs, tant de générations de saints reçues dans ses sépulcres ! Profanation sans égale, peut-être, dans les fastes du monde, et à laquelle l’intrusion des statues antiques, des Apollon, des Appoline, des Bacchus, des Vénus, des Hermaphrodites et des Antinoüs, dans les salles vaticanes, ou dans les villas papales, ne sauraient assurément se comparer, malgré tous les cris qu’elle a soulevés. Tout ce qu’on peut dire, c’est que, dès le septième siècle, les légats envoyés à Constantinople par Boniface III y faisaient alors reconnaître la primauté du saint-siège, et que l’empereur Phocas y défendait à Cyriaque de s’arroger le nom de patriarche œcuménique. L’église se sentait forte, et se croyait en sûreté alors : pensée fatale à toute puissance ; conviction qui est déjà un oubli et une menace. En effet, le christianisme était maître dans l’Europe entière, ou allait bientôt l’être. La croix dominait l’ancien monde, plantée au front de tous ses édifices, le long de tous ses chemins, au centre de toutes ses places et de tous ses carrefours. Les écoles païennes d’Alexandrie, d’Athènes, d’Antioche, de Carthage, avaient jeté leur dernier souffle, leur dernier venin. Les nations barbares les plus tardives allaient être informées du Christ, et suivre sa loi ; et leur irruption, si cruelle quelle fût, ne devait plus faire refluer les Romains et les Grecs consternés jusqu’aux mystères de l’Étrurie, et jusqu’aux autels de Minerve. Le mahométisme même, avec ses espérances gigantesques et son enthousiasme rapide, était contenu et refoulé. L’architecte