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dans le plus paresseux et le plus indifférent éclectisme, n’étudiant plus rien, ne désirant plus rien, ne choisissant plus rien, amalgamant et gâchant tout. Constantin, en dépouillant et en accablant les peuples, en détruisant, en bâtissant de toutes parts, sans frein et sans bornes, pour satisfaire tantôt à ses colères, tantôt à ses calculs, tantôt à son orgueil, tantôt à ses dévotions, ne dérogeait en rien au paganisme, et n’altérait nullement l’art antique. Tous les empereurs, avant lui, n’avaient rien ménagé pour leurs caprices, et depuis long-temps l’art insouciant se prêtait à tout, et se laissait faire comme un patient qui n’a plus d’espoir et qui s’est résigné. Quoiqu’il allât ainsi de plus en plus en se dégradant, Constantin nous semble n’y être pour rien. La religion chrétienne de son côté n’avait rien apporté de formulé, ni pour le remplacer, ni pour l’alimenter, ni pour le renouveler. Elle ne s’était pas occupée de l’art, ou plutôt elle le repoussait, ou plutôt elle le subissait comme une nécessité païenne, sur laquelle il était bon de fermer les yeux. Où donc, dans ces temps, trouver la poétique nouvelle et révélée du christianisme ? Qu’on nous le dise. Serait-ce dans les catacombes, et dans les églises souterraines où s’abritèrent, prièrent, et reposent maintenant les premiers confesseurs de la foi ? Mais qu’y Voit-on, si ce n’est partout la forme païenne, paresseusement accommodée aux convenances chrétiennes ; si ce n’est la croix grossièrement entaillée aux flancs du sarcophage antique ; si ce n’est la colombe ou l’agneau aux cinq blessures, grossièrement enclavés