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pendant longtemps les successeurs de Constantin reproduisirent, à différents degrés, son caractère, et suivirent ses exemples ; où donc est l’art byzantin ? Quelle nouvelle inspiration, quelle nouvelle forme, quelle nouvelle technique l’ont constitué ? En vérité, on ne saurait le dire, et on ne comprend guère pourquoi on a fait remonter à la translation de l’empire à Byzance, et à la promulgation de la religion chrétienne, les réels et signalés changements qu’un nouveau nom suppose. En effet, où était alors la transformation dont, depuis peu, on fait tant de bruit ? Les travaux entrepris à Byzance ne diffèrent en rien de ceux qui les avaient immédiatement précédés ; et il suffit de s’informer et de les connaître, pour constater encore ici la fâcheuse disposition où sont les écrivains que nous avons en vue, de vouloir, à propos d’art, arracher de vive force à l’histoire les inductions les plus gratuites. Ceux qui ont osé dire que la promulgation de la religion chrétienne, comme religion de l’état, avait été le signal de la décadence des arts et de la ruine du goût, ceux qui se sont permis de dire que cet avènement avait au contraire mis aussitôt les peuples en possession d’un art nouveau et plus digne, se sont également trompés, et ont également exagéré les motifs historiques de leur croyance, si ces motifs existent jusqu’à un certain point. L’établissement du christianisme n’a pas eu et n’a jamais pu avoir ces effets absolus. Les grandes causes de la dissolution du goût préexistaient. Rien ne pouvait guère aggraver la situation mauvaise de l’art antique, acculé