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dont la solution offrait des dangers. Elle laissa donc longtemps éclater et déclamer les chrétiens sincères et convaincus contre le luxe, contre le scandale des images et les autres séductions de l’art, et elle laissa aussi les chrétiens vacillants et douteux s’y plonger et s’y complaire. Pouvait-elle faire autrement ? Non, et pour le comprendre il suffit de réfléchir à ce que fut Constantin, qui l’appuya de son ascendant et de sa puissance ; car Constantin est peut-être le symbole le plus précieux à observer de l’anarchie primitive dont nous parlons, et du mélange final des données païennes et chrétiennes qui constituent ces temps. Constantin, considéré sous un certain point de vue, paraît un type plus absolu du caractère païen, qu’aucun de ses prédécesseurs. En effet, ne fut-il pas païen dans ses mœurs et dans ses actions, dans son mépris des hommes, dans son adoration des choses ? Voyez-le, quand à peine il vient d’abattre Maxence, permettre aux villes d’Afrique de consacrer des temples aux princes de la maison Flavienne dont il sort, ordonner ou permettre au sénat de lui décerner les honneurs divins, et constater cette divinité dans ses médailles. Voyez-le, dans sa mollesse, surpasser Héliogabale et Caracalla, Adrien et Dioclétien dans son faste ; voyez-le, dépouillant Rome, comme Rome autrefois avait dépouillé la Grèce, pour bâtir sa ville nouvelle, de marbre, de porphyre, de granit, de jaspe, de bronze et d’or ; voyez-le se promenant dans sa robe traînante tissue de soie et d’or, avec son diadème, ses colliers, ses bracelets, ruisselants de perles et de pierres précieuses, intro-