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avec passion, mais très-lisible, il nous semble, si on l’examine avec calme.

Qu’on se demande donc ce que durent penser de l’art, de ses avantages, de ses enseignements, de ses influences et de ses voluptés, les fondateurs du christianisme à peine échappés aux persécutions des Dioclétien, des Maximin, des Galérius ! Qu’on se demande ce que devaient attendre de l’art tous ces austères et inflexibles vétérans de l’Église militante, quand Constantin voulut bien abriter la religion naissante sous la pourpre impériale. L’art parut, et on le conçoit, dut paraître à ces hommes généreux solidaire et responsable de la corruption païenne et de toutes les idolâtries qu’ils venaient extirper, et contre lesquelles le sang du Christ et des martyrs avait protesté sans relâche. Leur premier mot fut donc un cri d’anathème et de proscription, et ils ne pensèrent à rien moins qu’à envelopper l’art dans la ruine de toutes les pratiques criminelles qui soulevaient leur indignation. L’architecture, la peinture, et la sculpture surtout, vouées dans l’antiquité, d’une manière aussi flagrante et aussi immédiate, aux superstitions du culte et à la glorification de toutes les vanités et de toutes les fantaisies particulières, furent indiquées à leur sainte colère et assimilées par eux aux industries les plus dégradantes et les plus dangereuses.

Mais il ne s’agissait pas seulement de tonner contre l’art et de le proscrire, il fallait en détourner les peuples et les princes si long-temps enivrés par lui. C’était une rude tâche ; car l’élément artistique