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n’a pas été aussi radicale qu’on le veut bien dire ; car il nous semble que le christianisme, malgré ses héroïques efforts, laissa souiller, sous les contacts de la lutte, une partie de son désintéressement et de sa virginité primordiale, et oublia, au milieu des dangers et des fatigues de cette guerre, une partie de ses premières espérances et de ses premières promesses. Loin de nous, cependant, de vouloir soulever ici de respectables susceptibilités, en apportant dans un ordre trop élevé des affirmations pour lesquelles nous ne sommes ni disposés ni choisis. Mais sur le terrain où nous sommes, dans la question de l’art, nos paroles n’impliquent pas le moindre doute, et sont tout à fait nécessaires. En effet, puisque tout le monde s’accorde à dire que notre art moderne, surtout dans sa phase la plus actuelle, emprunte à l’art antique et s’appuie sur lui ; ne faut-il pas dire à quelles circonstances remontent et les premiers emprunts et les premiers secours qu’il en a tirés ? De plus, puisque personne n’imaginerait de contester que notre art, moderne encore aujourd’hui, a eu jusqu’à présent pour occupation principale de servir bien ou mal la religion chrétienne, ne faut-il pas savoir ce que l’idée chrétienne réclamait de l’art dès le principe, quel cas elle faisait de son concours, et à quelles conditions elle l’accepta ? et encore avec quelle fidélité l’art le lui fournit ? Pour cela, il faut donc de toute nécessité demander au paganisme quel a été son dernier mot sur l’art, et à la religion chrétienne quelles ont été pour l’art ses premières paroles : transition délicate et confuse, si on l’aborde