Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 96 —

— Bon ! je vais acheter un camélia et le lui envoyer pour toi, avec une lettre. Écris :

Voulez-vous m’inviter, chez vous, à prendre une tasse de thé, demain à cinq heures ?… Si vous acceptez, portez cette fleur.

Maintenant, donne-moi deux cents francs.

— Mais, pour quoi faire ?

— Pour les joindre à la lettre.

— Stasia !… ce n’est pas possible que si beau, il fasse ça ?

— C’est justement parce qu’il est beau, qu’il est gigolo… et assez coûteux !… Maintenant, si tu ne veux pas… oublie tout ça !… Il est temps encore !…

— Je ne pourrai pas. Tiens, voici l’argent !

— Maintenant, j’envoie la lettre, sans dire d’où elle vient : c’est beaucoup plus drôle.

— Et s’il n’acceptait pas ?

— Nous trouverions un autre moyen.

Stasia disparaît un moment, puis elle revient souriante.

— Voilà qui est fait ; maintenant regarde sans avoir l’air.

Dans la glace en face de nous, je vois un groom apporter la lettre et le camélia. Vassili la lit, d’un doigt léger, range les billets. Un moment la grosse fleur blanche se balance entre ses doigts ; mon cœur et ma vie s’y balancent aussi. Puis, d’un mouvement nonchalant, il prend le camélia et le met à sa boutonnière.