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Il faut partir ; pourtant j’aurais voulu rester encore un peu, juste le temps de sécher un peu en bas. Il est quatre heures du matin, je rentre, je m’endors presque heureuse ; il me semble que la force de mon amour a tissé un lien invisible entre Vassili et moi.

Naturellement, le lendemain soir me retrouve au Royal ; mais cette fois, je me suis voulue belle.

Je porte une robe Empire qui laisse voir chastement la moitié de mes seins ; elle est retenue à la taille par une tresse lamée et alourdie en bas d’une même torsade.

J’ai tous mes bijoux, des émeraudes que ma mère a consenti à me donner avant mon mariage parce que, m’a-t-elle dit, mes yeux verts les méritent. Mes cheveux sont relevés sur le front et retenus par un diadème très fin.

Je suis maquillée pour la première fois de ma vie ; j’ai l’air d’une jeune mariée et une flamme ardente brille dans mes yeux.

Nonchalamment je me promène ; la foule est moins dense. À mon arrivée, maints regards se fixent sur moi.

— Qui est-ce ? dit une vieille Lady, en m’examinant avec son monocle.

— Je ne sais pas, mais c’est un beau morceau, répond une voix vulgaire d’homme !

Mon cœur bat la chamade. Vassili est là. Je me mets non loin de lui et commande un cocktail.

Alors, ce que j’attendais se produit.