Le lendemain, en m’éveillant, je décidai de partir pour Londres, de revoir Vassili à tout prix, et de m’en faire aimer ; j’avais de lui un désir violent, irrésistible, qui ne pouvait connaître aucun obstacle. Il me fallait le voir, le sentir près de moi, m’enivrer de sa beauté… J’étais amoureuse pour la première fois.
Je ne revis plus Kouka ; je lui envoyai seulement un phono dont il avait envie. Comme il ne connaissait pas mon nom véritable, ni mon adresse, je ne sais comment s’exprima sa douleur, et même s’il en eut. Pour moi, cela m’était parfaitement égal : les amants sont comme les robes, ils ne peuvent pas toujours servir.
Mes parents consentirent à me laisser partir en Angleterre, à condition que mes frères m’accompagnassent à Londres et m’installassent dans une correcte pension de famille.
Je n’eus aucun remords de mentir et de feindre un intérêt subit pour la littérature anglaise. À partir de la nuit où j’avais vu, pour la première fois, le sourire énigmatique de Vassili, tout mon passé était aboli et avec lui ma conscience du bien et du mal.
L’amour que j’avais pour lui me dévasta entièrement, avant même de se réaliser ; ma vie et mes forces se suspendirent à lui que je savais revoir.
Antal et Claude m’accompagnèrent donc vers mon nouveau destin. Ils passèrent deux jours à dévaster les cœurs anglais des petites misses effrontées et chastes. Puis ils repartirent, portant à mes parents l’assurance que j’étais par-