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Il ne fait nullement attention à moi. Il parle avec un homme d’une quarantaine d’années, très élégant. Lorsque celui-ci se lève, j’entends les paroles qu’ils échangent. L’homme âgé serre la main tendue :

— Alors, Vassili, nous nous verrons à Londres, vendredi prochain.

— Entendu ! Vous connaissez le Royal, à Piccadilly Circus ?

— Naturellement, qui ne le connaît !

— Alors, à vendredi, même heure !

Kouka vient me chercher juste à ce moment. Je le suis, et nul autre soir il ne devait connaître une maîtresse plus ardente, plus complètement abandonnée. Nul autre soir, il n’eut, si aiguë, l’impression que je lui appartenais…

Cette nuit-là, je rêvai. Oh ! un rêve très simple, mais dont la netteté me surprit.

La porte de ma chambre s’ouvrait. Vassili, le jeune dieu blond entrait ; je me levais dans mon lit et poussais un cri. Un rire moqueur fusait sur ses lèvres :

— Ce n’est pas la première fois que vous voyez un garçon ?

— Non, tout de même !

— Alors, pourquoi criez-vous ?

Il se déshabilla, se coucha dans mon lit, me prit dans ses bras. Ce fut tout. Une ivresse insensée me baigna.