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— Si, si, tu peux, essaie !…

J’essaie de faire ce qu’il veut. Il sent l’effort que je fais pour le satisfaire et sa joie décuple.

Il va et vient furieusement dans moi ; il veut se retirer, il se retire, je ne sais trop pourquoi, mais je le renfonce de force. Un jet chaud et lourd jaillit au fond de moi.

Tirée de mes rêves par le gros réveil à dix-neuf francs, je quitte Kouka au petit jour. Est-ce qu’il dort ? Je m’habille sans faire de bruit, mais assez lentement pour que la chance ait le temps de décider.

S’il se réveille, c’est la destinée qui l’aura voulu. Par la même occasion, si la destinée veut aussi qu’il me donne un dernier gage d’affection, ce n’est pas moi qui l’aurais cherché.

Un de mes souliers m’échappe et tombe.

Kouka ouvre un œil, le bon ! D’un geste il chasse son sommeil et se lève. Il est là debout, tout nu sur le misérable tapis pelé de la petite chambre. Il est là tout nu et il me pousse contre la porte que je voulais ouvrir.

— Non, non, Kouka, il faut que je rentre maintenant, j’ai une famille, moi ! Soyez raisonnable, laissez-moi partir !… Laissez-moi !…

J’essaie d’entrouvrir la porte, mais il menace tout à coup.

— Ne te sauve pas, il y a six étages : avant que tu sois descendue en bas, je te la mets dans l’escalier et tout le monde verra que tu as débauché le nègre ; tu comprends ! Allons, donne !…