Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 84 —

Nous parlons crûment, sans pudeur. Il ne me parle pas de son âme, il ne me parle pas de ses ancêtres. Il ne me dit pas qu’il est le petit fils d’un roi.

Il est gentil et charmant comme certaines brutes au repos. Il ne sent presque pas le nègre, ce serait plutôt une odeur de bois, l’odeur d’un piano ou d’une commode.

Il ne me parle pas de son âme ; mais peut-être que c’est cela son âme, cette jeune tige qui se redresse, qui me cherche de nouveau.

— Non, non, chéri, attends un peu, tu viens de le faire !

Il rit, se lève et passe derrière le paravent qui sert de cabinet de toilette.

— Attends, je reviens tout de suite !

Il farfouille là-bas derrière son paravent, cherchant quelque chose. J’ai un peu peur ; que cherche-t-il ?… Et tout à coup il revient avec… Oh ! mon Dieu ! un tube… un tube de vaseline. Pour quoi faire ? puisque c’est entré comme cela.

Je suis couchée sur le dos. Il me retourne brusquement.

— Mets-toi à genoux !

Je m’exécute, n’osant résister.

— Là, comme cela. Avance un peu les fesses, ne te retire pas… Cambre-toi !… N’aie pas peur, puisque je vais te mettre de la vaseline…

Oh ! le mot, l’affreux mot qui me fait honte ! J’ai honte et en même temps, c’est bizarre, j’aime cela, ça me fait presque mouiller.