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J’enlève ma culotte. La fièvre monte en moi, l’envie d’y être vite, aidée encore par la contemplation d’un de ces livres que je vole régulièrement dans la bibliothèque de mon père, pleins de mots qui me font honte et me plaisent à la fois. Ce n’est pas du tout désagréable ces grands mots prétentieux et savants : l’orifice de la vulve. Mon doigt s’appuie et entre doucement, encouragé par cette eau qui mouille… La petite bouche dure, serre, puis s’amollit, bat des ailes et demande au doigt de rester…

C’est amusant et suggestif de se dire qu’il y a en France, à cette heure-ci, probablement cinq cent mille petites filles qui se caressent comme moi. On devrait les réunir toutes ensemble.

Quel joli spectacle cela ferait : un demi million de petites filles branleuses, les jambes relevées, sur un immense tapis de laine mauve, en train de se masturber, place de la Concorde !… Quelle fête pour les yeux !

Dans les caresses que je me donne toute seule, je mets beaucoup à contribution les gens que je connais. Les visiteurs, les amis de papa, mes camarades de tennis. Comme cela au moins ils servent à quelque chose, ces gourdes-là ! Quand on m’en présente un et qu’il est à mon goût, je me dis : « Toi, ce soir, je t’utiliserai à quelque chose… À quelque chose qui t’étonnerait et que tu ne mérites certainement pas !… »

J’ai comme cela dans ma tête une collection d’hommes dans laquelle je puise… J’appelle et ils viennent. Ils viennent dès que j’ai un moment de libre, audacieux, décidés, sachant ce qu’ils ont à faire.