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— Ne regardez pas trop, hein ! vous savez, on ne gagne pas tellement au fond dans ce métier-là. On réussit à ramasser un cachet par ci, par là, mais ça ne dure pas, alors !…

J’ai un peu honte de mes renards, de mes diamants. À la dérobée j’enlève ma bague pour n’avoir pas l’air de le narguer.

Il y a des photos sur les murs.

— Ça, c’est au gala des artistes. Tiens, tu la reconnais la petite bonne femme : c’est Joséphine.

Il a un accent parisien. L’accent qu’ils ont tous dans les coulisses.

Qu’il se déshabille, mon Dieu, qu’il se déshabille ou je vais repartir !

Ce n’était que cela que j’avais vu sur la scène : ce grand magnifique corps, qui n’était qu’un corps !

Vite, qu’il se déshabille ! Il ne voit donc pas qu’il me fait mal avec sa conversation, avec ses petites réflexions, avec ses détails.

Je sais bien que c’est peut-être cela sa vie et que je ne suis qu’une petite bourgeoise, riche, qui se fiche pas mal de la vie d’un petit danseur et qui n’aime que les spectacles esthétiques. Je sais, je sais, mais tant pis : je suis venue pour être ravie, pour être extasiée, pour jouir… Vite !…

J’aurais voulu qu’il ne soit vêtu que d’un unique vêtement avec une fermeture éclair et que je tire sur cette fermeture, que les vêtements tombent et qu’il ne soit plus que nu et muet…